- équilibrer
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• equalibrer 1525; repris 1744, répandu XIXe; de équilibre1 ♦ Opposer une force à (une autre), de manière à créer l'équilibre. ⇒ compenser, contrebalancer, pondérer. Équilibrer un poids par un contrepoids. Équilibrer une poussée par un arc-boutant, un étai.♢ Fig. S'opposer à. La révolution « ne peut se passer d'une règle, morale ou métaphysique, qui équilibre le délire historique » (Camus). ⇒ compenser, corriger, neutraliser.2 ♦ Mettre en équilibre; rendre stable. ⇒ stabiliser. Équilibrer une balance, une balançoire. — Équilibrer un budget, les finances d'un État. Équilibrer son budget, ses dépenses (cf. Joindre les deux bouts). — Équilibrer les forces, les pouvoirs.3 ♦ Répartir systématiquement, harmonieusement. Équilibrer les masses, les volumes, dans une composition, un tableau. Équilibrer les masses sonores, dans une orchestration.4 ♦ (Sujet chose) Équilibrer qqn, lui donner un bon équilibre. Ces nouvelles activités l'ont équilibré.5 ♦ S'ÉQUILIBRER v. pron. récipr. Les deux poids s'équilibrent. — Fig. « Chez l'homme, voyez-vous, le bon et le mauvais s'équilibrent, égoïsme d'une part, altruisme de l'autre » (Céline).⊗ CONTR. Déséquilibrer.Synonymes :Compenser quelque chose par quelque chose d'autre, faire contrepoids, créer l'équilibre ; contrebalancerSynonymes :Contraires :- déséquilibrerFaire en sorte que dépenses et recettes se contrebalancent, s'annulent.Synonymes :- balancer- pondéreréquilibrerv. tr. Mettre en équilibre.|| v. Pron. être d'importance égale. Les avantages et les inconvénients de cette situation s'équilibrent.⇒ÉQUILIBRER, verbe trans.A.— Opposer une chose à une autre de manière qu'elle lui fasse équilibre. Synon. compenser, contrebalancer, neutraliser, anton. déséquilibrer :• ... des flotteurs spéciaux composés de deux parties : la première, profondément immergée, est destinée à équilibrer les neuf dixièmes de la charge, la seconde, complétant l'équilibre, est faite de caissons verticaux...ROMANOVSKY, Mer, source én., 1950, p. 54.— Emploi pronom. réciproque. Être en équilibre. Une balance dont les plateaux s'équilibrent (HUYSMANS, En route, t. 1, 1895, p. 88).— Au fig. C'est comme les chagrins. L'un équilibre l'autre (GIRAUDOUX, Électre, 1937, I, 8, p. 90).♦ Emploi pronom. réciproque. Tant que l'homme est opposé à l'homme, la propriété fait contrepoids à la propriété, et les deux forces s'équilibrent (PROUDHON, Propriété? 1840, p. 182). Son unité intérieure où sa sensualité et sa conscience se rencontrent et s'équilibrent malgré des déchirements continus (FAURE, Esprit formes, 1927, p. 138).♦ ARTS PLASTIQUES. Agencer harmonieusement une composition, en répartir heureusement les proportions. Équilibrer les masses, les volumes. Les Suisses romands (...) modèrent les attitudes, éteignent les couleurs, équilibrent les compositions (LHOTE, Peint. d'abord, 1942, p. 111).B.— [Avec une valeur factitive]1. Mettre ou faire tenir en équilibre, donner un équilibre à. Synon. stabiliser. Les conducteurs équilibraient la charge des dernières voitures (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 117). Il avait fallu deux tonnes de plomb pour l'équilibrer [un yacht] (MAUROIS, Ariel, 1923, p. 329). V. aile ex. 54.2. Au fig. Saint Thomas, équilibrant comme toujours les tendances opposées (GILSON, Esprit philos. médiév., 1932, p. 108). Le général de Gaulle qui s'efforce d'équilibrer toutes ces passions adverses (MAURIAC, Nouv. Bloc-notes, 1961, p. 76).— En partic.♦ ÉCON. Équilibrer une balance, un budget. Contrebalancer exactement les dépenses par les recettes. Équilibrer le budget général de l'exercice 1906 (JOFFRE, Mém., t. 1, 1931, p. 44). Je ne sais pas comment payer le terme de juillet. Nous avons la chance de trouver du travail, nous travaillons et pourtant je n'arrive pas à équilibrer le budget (DUHAMEL, Désert Bièvres, 1937, p. 179).♦ Domaine de l'activité intellectuelle et psychique. Situer ou maintenir en équilibre (une personne ou une faculté). Rembrandt n'était pas de ceux que la tension fortifie ni qu'elle équilibre (FROMENTIN, Maîtres autrefois, 1876, p. 298). Des principes sages, propres à développer et à équilibrer toutes les facultés morales, physiques et intellectuelles (VERNE, 500 millions, 1879, p. 40).Rem. On rencontre ds la docum. équilibrant, ante, adj. Qui (r)établit l'équilibre. La continuité des lignes [du tableau], assurée par les dérivations équilibrantes (Arts et litt., 1935, p. 2810). Au fig. Je passe d'instants voisins de la folie entrevue à des extases équilibrantes (MALLARMÉ, Corresp., 1868, p. 273).Prononc. et Orth. :[
], (j')équilibre [
]. Ds Ac. 1878 et 1932. Étymol. et Hist. 1529 « peser également » ici part. passé adjectivé (G. TORY, Champ fleury, LII, 12 v° ds HUG.), rare jusqu'à la fin du XVIIIe s.; 1797 (Voy. La Pérouse, t. 4, p. 65 : la troisième lui sert à nager, et à équilibrer le corps de concert avec...); 1803 pronom. (MAINE DE BIRAN, Influence habit., p. 25 : les deux fonctions sensitive et motrice se correspondant et s'équilibrant sans se troubler). Dér. de équilibre; dés. -er. Fréq. abs. littér. :146.
DÉR. 1. Équilibrage, subst. masc. Action d'équilibrer; résultat de cette action. Mécan. Opération destinée à compenser le balourd d'une pièce ou d'un ensemble ayant un mouvement de rotation rapide. Équilibrage des roues. S'il est en effet possible de procéder avec des moyens de fortune à une vérification de l'équilibrage statique de la masse tournante d'une machine, il n'en est pas de même lorsque la vérification doit porter sur un équilibrage dynamique (AMBROISE, Monteur mécan., 1949, p. 64). — []. — 1re attest. 1861 (E. Liais ds Arch. Acad. des sciences ds GUILB. Aviat. 1965, p. 525); du rad. de équilibrer, suff. -age. 2. Équilibrateur, trice, adj. Qui (r)établit l'équilibre. La tradition régulière des cadeaux dans notre société traduit l'existence, dans les relations entre personnes, de mécanismes économico-sociologiques régulateurs et équilibrateurs (Traité sociol., 1968, p. 346). — [
], fém. [-tris]. — 1re attest. 1968 id.; de équilibrer, suff. -ateur, v. -eur2. 3. Équilibration, subst. fém. a) Fait de tenir en équilibre ou d'être mis en équilibre. Une équilibration juste de l'empirisme et du rationalisme (C. BERNARD, Princ. méd. exp., 1878, p. 79). Un équilibre spontané sans équilibrations conscientes (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p. 173). b) En partic. Ensemble des moyens permettant à un organisme vivant de trouver ou de maintenir son équilibre physique. Nécessité d'une intégrité absolue de l'appareil d'équilibration chez les candidats pilotes (Langlois, Binet ds Nouv. Traité Méd., fasc. 7, 1924, p. 164). Un réflexe d'équilibration chez la grenouille (CAMEFORT, GAMA, Sc. nat., 1960, p. 253). — [
]. — 1re attest. 1849 (PROUDHON, Confess. révol., p. 251); du rad. de équilibrer, suff. -ation (-tion). — Fréq. abs. littér. : 6. 4. Équilibreur, euse, adj. Qui (r)établit l'équilibre. Le footballeur (...) ne peut maîtriser les éléments extrêmement complexes de la technique sans bénéficier du rôle équilibreur des bras (MERCIER, Football, 1966, p. 55). Emploi subst. Le bras gauche (qui, jusque-là, n'avait joué qu'un rôle d'équilibreur) (R. VUILLEMIN, Éduc. phys., 1941, p. 151). — [
], fém. [-ø:z]. — 1res attest. a) 1801, synon. de équilibriste (S. MERCIER, Néol., t. 1, p. 233), b) 1925 « qui maintient en équilibre » adj. et subst. (LALLEMENT, Dyn. instrum. archet, p. 112, 193); du rad. de équilibrer, suff. -eur2.
BBG. — DUB. Dér. 1962, p. 30, 32. — GUÉRET (J.). La Constr. aéron. Banque Mots. 1972, n° 4, p. 183. — QUEM. DDL t. 4, t. 8.équilibrer [ekilibʀe] v. tr.ÉTYM. 1525, équalibrer; repris 1744, répandu XIXe; de équilibre.❖1 Opposer une force à (une autre) de manière qu'elle lui fasse équilibre. ⇒ Compenser, contrebalancer, contrepeser (vx). || Équilibrer un poids par un contrepoids. || Équilibrer une poussée par un arc-boutant, un étai. ⇒ Neutraliser.♦ (Abstrait). ⇒ Compenser, égaler, équivaloir. || Une stricte discipline équilibre chez cet auteur la fantaisie. ⇒ Corriger, neutraliser.1 (…) ce bien-être n'équilibrerait pas, en Équité réelle, le dol que je subirais.Villiers de L'Isle-Adam, Axel, II, 13.2 La révolution (…) ne peut se passer d'une règle, morale ou métaphysique, qui équilibre le délire historique.Camus, l'Homme révolté, p. 309.2 Mettre en équilibre; rendre stable. ⇒ Stabiliser. || Équilibrer une balance, une balançoire. || Équilibrer les gouvernes d'un avion (⇒ Équilibrage). — Équilibrer les masses, les volumes, dans une composition, un tableau. || Équilibrer les masses sonores, dans une orchestration. ⇒ Harmoniser, pondérer. — (Av. 1865). || Équilibrer un marché (⇒ Assainir). || Équilibrer un budget, les finances d'un État. || Équilibrer son budget. ⇒ Boucler (→ Joindre les deux bouts).3 Et c'est pour équilibrer le budget bourgeois de l'État bourgeois que Jaurès veut introduire en substitution ce qu'il croit être un commencement de réalisation socialiste.Ch. Péguy, la République…, p. 60.——————s'équilibrer v. pron.ÉTYM. (1864).♦ || Forces, puissances qui s'équilibrent. || Ses qualités et ses défauts s'équilibrent.4 (…) une conscience où tout s'équilibre, se compense et se neutralise (…)H. Bergson, Matière et Mémoire, p. 245.5 Chez l'homme, voyez-vous, le bon et le mauvais s'équilibrent, égoïsme d'une part, altruisme de l'autre (…)Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 89.——————équilibré, ée p. p. adj.1 (1529). En équilibre. ⇒ Stable. || Balance équilibrée. || Pirogue, barque bien équilibrée. || Organisme équilibré, harmonieux (→ Brèche, cit. 5).5.1 Assis sur une chaise mal équilibrée, le père Taupe tirait la langue et pleurnichait de l'œil gauche.R. Queneau, le Chiendent, p. 165.2 (1870). || Esprit, caractère (bien) équilibré, dont les qualités sont dans un rapport harmonieux. ⇒ Mesuré, raisonnable, pondéré, sage, sain, solide. || Un cerveau bien équilibré. — Personnes. Qui jouit d'un bon équilibre mental. || Il n'est pas très équilibré (⇒ Déséquilibré). || C'est un enfant très équilibré.6 Le génie girondin, celui de Fénelon, Montaigne, Montesquieu, celui du grand parti, qui, en 93, périt pour ne pas tuer, est vif mais modéré, équilibré, ce semble.Michelet, Hist. de France, t. XVII, XXV.7 (…) il (Garat) était assez équilibré et mesuré, mais jusqu'au médiocre, il cherchait les voies moyennes, par timidité plus encore que par sagesse.Jaurès, Hist. socialiste de la Révolution franç., VI, p. 243.8 La cervelle la mieux équilibrée est soumise, chaque jour, à tous les vertiges. Il faut beaucoup de sang-froid à l'homme sain pour résister victorieusement, c'est-à-dire pour ne pas douter de soi dans l'épreuve et pour ne pas succomber à l'ivresse dans le bonheur.G. Duhamel, Manuel du protestataire, II, p. 75.❖CONTR. Déséquilibrer. — Boiteux, disproportionné, instable.DÉR. Équilibrage, équilibrant, équilibrateur, équilibration, équilibreur.COMP. Rééquilibrer.
Encyclopédie Universelle. 2012.